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Premiers résultats contrastés du programme Syppre

Dans le Berry, des résultats très intéressants ont été obtenus en colza et en blé tendre, mais le programme a montré les limites du « zéro glyphosate ». © B. CAILLIEZ

Le bilan à mi-parcours du programme Syppre, présenté le 8 décembre par les différents instituts partenaires, met en avant des résultats positifs en termes de réduction des phytos, engrais, dépenses énergétiques et gaz à effet de serre, mais des objectifs en matière de rendement et rentabilité encore difficiles à atteindre.

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Lancé en 2015 par Arvalis Institut du végétal, l’ITB et Terres Inovia pour dix ans, le programme Syppre a pour objectif d’identifier des rotations ou des itinéraires innovants qui permettent de réduire l’emploi d’engrais azotés et de produits phytos, les émissions de gaz à effet de serre et les consommations d’énergie, tout en maintenant les rendements, la qualité et le revenu de l’agriculteur.

« Nous avons mis en place des essais dans des parcelles de 5 à 10 ha dans cinq régions, la Picardie, la Champagne, le Berry, le Béarn et le Lauraguais, en liaison avec des acteurs locaux, en particulier des chambres d’agriculture et des coopératives ou négociants », précise Vincent Laudinat, directeur de l’ITB. Et force est de constater que les résultats à mi-parcours sont contrastés.

Des expérimentations trop courtes

« Les systèmes innovants ou de rupture mis en place avec introduction dans les rotations de nouvelles cultures et de cultures intermédiaires, apportent dans l’ensemble des résultats positifs en termes de réduction de la fertilisation azotée et de produits phytos, mais les expérimentations sont trop courtes pour bénéficier de la régulation naturelle liée à la diversification de l’assolement, constate Clotilde Toqué, d’Arvalis. Et sur le plan du rendement ou de l’intérêt économique, les objectifs sont pour le moment loin d’être atteints. Mais nous apprenons et certains résultats peuvent déjà être exploités. »

L’exemple du Berry

« Dans le Berry, par exemple, sur sols argilo-calcaires, nous nous sommes fixés comme objectif d’améliorer la fertilité des sols, pour gagner en résilience, indique Gilles Sauzet, de Terres Inovia. Le blé dur et le colza qui ont suivi les lentilles ont gagné en productivité et le colza implanté avec des cultures compagnes apporte, dans les essais comme chez les agriculteurs, un plus en rendement avec un meilleur contrôle des insectes et des mauvaises herbes. Par contre, les mélanges pois + blé ont été très décevants et pénalisent le blé qui suit dans l’assolement. L’introduction du maïs s’est soldée par un rendement catastrophique, tout comme les cultures dérobées de sarrasin ou millet que nous avons mises en place. »

Pour lui, le plus compliqué est d’essayer de se passer du glyphosate. « Si pour remplacer le glyphosate, il faut labourer, augmenter le nombre de passages en travail du sol, et utiliser plus d’herbicides dans la culture qui suit, l’impact sur les gaz à effet de serre et la consommation d’énergie est très négatif. Il devient trop difficile d’implanter des cultures intermédiaires et l’objectif d’accroître la fertilité des sols ne peut plus être atteint. »

Blandine Cailliez

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